Spécialisé dans les trompe-l'œil architecturaux et les vues de Paris, Pierre-Antoine Demachy fut un grand portraitiste de ruines, témoin notamment des destructions post-révolutionnaires. La Démolition de Saint-Jean-en-Grève, peinte vers 1800, est conservée au musée Carnavalet.

Depuis le XVIII^e siècle marqué par des fouilles archéologiques considérables en Italie et par une nouvelle sensibilité à l'histoire et au patrimoine, la vision des ruines fait généralement toujours forte impression. Cette fascination ne s'exerce pas que sur les ruines du passé mais aussi sur celles du présent... et parfois même du futur. Dans son fonctionnement normal, Paris, comme toute ville, produit des ruines, volontairement ou pas : incendies, effondrements, travaux de voirie, renouvellement du bâti... Parfois cette production s'accélère à la faveur de circonstances politiques ou urbanistiques particulières.

Ces ruines, éphémères ou plus durables, discrètes ou spectaculaires, suscitent des réactions très variées, l'indifférence ou l'émotion la plus vive, la tristesse, la colère, le désespoir, l'enthousiasme ou l'incrédulité.

De l'urbanisme du XVIII^e siècle aux destructions post-révolutionnaires, des visions romantiques aux bouleversements haussmanniens, des brasiers de la Commune à l'urbanisme brutal des années 1960, cette conférence raconte comment naissent les ruines et surtout comment et pourquoi, au fil des siècles, peintres, dessinateurs et photographes ont eu à cœur de les immortaliser.