Cette dimension symbolique perdure ensuite mais elle se trouve accompagnée par des règlements urbains changeants sur les saillies et les hauteurs, et surtout sur la forme même des angles d'immeubles. Afin de faciliter la circulation et d'améliorer la visibilité aux carrefours, un règlement du XVIIe siècle impose des angles abattus. De cette contraintes, les architectes tirent rapidement parti pour montrer leur inventivité. Des courbes de la rocaille aux lignes épurées du néo-classicisme, de nombreux immeubles du XVIIIe siècle offrent au regard des passants des solutions originales. Si le tracé des rues ou le parcellaire imposent un angle obtus, l'effet est d'autant plus spectaculaire, même sans recherche architecturale particulière. À la fin du siècle, les premières rotondes d'angle font une timide apparition.
Sous le Second Empire et la superposition pas toujours cohérente de nouvelles avenues et boulevards sur l'ancien réseau viaire peut engendrer des immeubles insolites, d'une spectaculaire étroitesse. Si la silhouette étonne, le traitement architectural reste souvent classique. Il faut attendre la libéralisation de la réglementation sur les saillies et les hauteurs à la Belle Époque pour voir les angles se charger de volumes, de toitures et de décors pleins d'imagination. Avec l'art déco puis le mouvement moderne, la diffusion du béton, du verre bombé et des pavés de verre, les lignes s'assagissent sans perdre en raffinement.