Lors de la crue de 1910, les pavés de bois qui recouvrent de nombreuses rues parisiennes se déchaussent et partent en flottant à la dérive. Crue de la Seine (janvier 1910) / rue Jacob, 1910. Paris, musée Carnavalet.

Chaque année au début de l'hiver ressurgit la crainte d'une crue centennale de la Seine, équivalente à celle qui a paralysé et endommagé une bonne partie de la ville en janvier 1910. Bien connue par de nombreuses photographies, cette grande crue n'est ni la première, ni assurément la dernière. Cette conférence vous propose d'explorer un Paris transformé périodiquement en Venise. Poétique certes mais aussi inquiétant.

Comme toute ville bâtie au bord d'un fleuve, Paris a toujours tiré de l'eau de nombreux bénéfices liés à la navigation, à la production d'énergie, à la défense et à l'alimentation des habitants. Elle doit cependant périodiquement se soumettre aux caprices de la Seine, particulièrement entre janvier et mars, lorsque les pluies abondantes sur les sols saturés de son bassin versant la font déborder. Navigation paralysée, installations fluviales détruites, caves inondées, réseaux souterrains hors service, activité économique à l'arrêt : les conséquences sont avant tout matérielles mais néanmoins catastrophiques.

Dans une perspective historique, éclairée par une iconographie riche, cette conférence vous permettra d'abord de comprendre les mécanismes et les conséquences des crues parisiennes. Elle sera aussi l'occasion de présenter les moyens parfois inattendus mis en œuvre au fil des siècles pour prévenir les débordements du fleuve ou en limiter les effets. Nous évoquerons ainsi notamment le dragon de la Bièvre, les étonnantes capacités de sainte Geneviève, la construction des quais, les grands lacs de Seine, la protection des réseaux souterrains, la barbichette du Zouave et beaucoup d'autres sujets souvent méconnus.