Charles Marville, Place Dauphine, entre 1865 et 1868. Paris, musée Carnavalet

Aménagée à la demande d'Henri IV à la pointe ouest de l'île de la Cité dans la foulée de la construction du Pont-Neuf, la place a alors pour vocation d'accueillir des activités commerciales et artisanales, celles des changeurs et des orfèvres. Elle devient par ailleurs l'un des lieux les plus animés de Paris avec ses badauds, bonimenteurs, sergents recruteurs, tire-laine et autres prostituées. Occasionnellement, elle est aussi le théâtre de grandes cérémonies royales. Au XVIII^e siècle, elle accueille chaque année une exposition de peinture très courue.

La situation stratégique de la place dans le prolongement du Palais de justice et dans la perspective du fleuve lui a valu d'innombrables projets urbains ou architecturaux, menaçant de la faire disparaître. Des projets un peu trop ambitieux peut-être, finalement restés dans les cartons. Nous en ressortirons quelques-uns le temps de cette conférence.

Concurrencée à partir de la fin du XVIII^e siècle par d'autres lieux plus ouverts et plus modernes, comme le Palais-Royal ou les Grands boulevards, la place finit par s'endormir. Pourtant, portée par la littérature ou la notoriété d'occupants illustres, son aura ne faiblit pas et le charme opère toujours.