En 1925, la sculptrice Chana Orloff confie à l'architecte Auguste Perret, la construction de deux ateliers surmontés d'un logement, dans une paisible impasse tout juste percée près du parc Montsouris. La même année, elle est décorée de la légion d'honneur. Inutile donc de préciser qu'elle est alors une artiste reconnue et appréciée. Comme souvent, rien n'était pourtant écrit d'avance. Originaire d'Ukraine, émigrée avec sa famille en Palestine, elle arrive à Paris en 1910, âgée de 22 ans, pour se perfectionner en couture. Dans le milieu artistique parisien bouillonnant, le hasard des rencontres la pousse vers le dessin et la sculpture. Ses premières œuvres, présentées dès 1913, intriguent déjà la critique par leur avant-gardisme.
Cette visite est d'abord l'occasion de découvrir l'œuvre variée et vivante de Chana Orloff autour des thèmes où elle excelle : le portrait, l'art animalier, l'enfance, la maternité. Nourrie de culture classique mais aussi marquée par la découverte des arts « primitifs » et l'influence du cubisme, travaillant tous les matériaux, elle développe rapidement un art très personnel, tout à la fois émouvant et humoristique, sensible et efficace, moderne mais sans radicalité.
Ces dizaines de sculptures racontent aussi le destin hors du commun d'une femme déterminée et attachante, aux prises avec les grands bouleversements du XXe siècle et marquée par les drames, les joies, les souffrances et les espoirs que la vie peut réserver.