Jules Jollivet, Adam et Ève chassés du Paradis terrestre. Détail de l'un des grands panneaux de lave émaillée de la façade de l'église. Photo Vincent Delaveau.

Dans les années 1820, l’ancien enclos Saint-Lazare — sans rapport avec la gare du même nom — est en plein lotissement, dans le prolongement du faubourg Poissonnière. Pour accompagner ces transformations, l’architecte Jacques-Ignace Hittorff est chargé de la construction d’une nouvelle église, dédiée à Saint-Vincent-de-Paul. Elle domine fièrement le quartier de ses deux tours. C'est, à plus d’un titre, un édifice exceptionnel.

Aux citations antiques déjà en usage depuis la fin du XVIII^e siècle, Hittorff ajoute les références paléochrétiennes. La rigueur du plan et des façades contraste avec l’opulence du décor intérieur. Peintures et vitraux illustrent de façon exemplaire les dévotions, les goûts artistiques et l’intérêt pour l’histoire de cette première moitié du XIX^e siècle. Le désir de couleur s’affiche de façon tout à fait exceptionnelle sur la façade. La ville de Paris a, il y a peu, replacé les panneaux de lave émaillée de Jules Jollivet illustrant des scènes du Paradis terrestre et de la vie du Christ. Le réalisme de certains nus avait choqué les âmes pieuses et les panneaux avaient dû être retirés.

Après la visite de l’église, je vous propose une petite flânerie dans ses environs immédiats. Plusieurs façades étonnantes illustrent aussi, dans le domaine de la construction privée, la recherche de couleur et la variété des références stylistiques.