En 1682, le duc de La Feuillade, zélé courtisan, commande une glorieuse effigie militaire de Louis XIV. Afin de la mettre en valeur, il imagine la construction d’une place circulaire à l’architecture uniforme située dans le quartier du Palais-Royal. Le chantier est confié à Jules Hardouin-Mansart qui conçoit là le prototype de la « place royale », appelé à un brillant avenir.

Suivant de peu La Feuillade, le ministre Louvois envisage à son tour la construction d’une autre place à quelques encâblures, elle aussi ornée d’une statue de Louis XIV. La concurrence est rude chez les courtisans... L’hôtel de Vendôme est acheté et démoli pour faire place nette. L’aménagement de la place, qui connaît toutes sortes de rebondissements, ne s'achève qu’au bout d’une quarantaine d’années, vers 1720 !

Cette promenade entre deux chefs-d’œuvre de l’urbanisme et de l’architecture du Grand Siècle permet de découvrir un patrimoine d’une étonnante variété et pourtant souvent méconnu. Près du Palais Mazarin (Bibliothèque nationale), le square Louvois où se trouvait l’Opéra en 1820, conserve le souvenir de l’assassinat du duc de Berry, héritier du trône de France. La charmante place Gaillon fut choisie par Zola comme cadre de son grand magasin Le Bonheur des Dames. La place s’anime chaque année en novembre à l’occasion de l’attribution du Prix Goncourt dans le célèbre restaurant Drouant. Un peu plus loin, le passage Choiseul résonne encore des colères du père de Louis-Ferdinand Céline qui l'a abondamment décrit dans Mort à crédit et Voyage au bout de la nuit.